Le château de Charmes sur l'Herbasse

Publié le par Irène

https://www.chateaudecharmes.fr/

 

 

Le château fut construit au XIe siècle sur l'emplacement supposé d'une tour en bois et d'une enceinte édifiée au Xe siècle[2]. Il appartint à la famille de Nerpol au XIIIe siècle et au début du XIVe siècle.

En 1340, Aymare de Nerpol épousa Jordan II de Bathernay ; leur fils Joachim hérita en 1406 de son grand-père maternel du château de Charmes[3]. À la fin du XIVe siècle et au début du XVe siècle, le château a appartenu à Imbert de Bathernay (1438?-1523), qui y serait né et y séjourna dans sa jeunesse. Selon la tradition, c’est vers 1455, près du château de Charmes, alors qu’il était adolescent, qu’il rencontra le dauphin, futur Louis XI (1423-1483). Celui-ci le prit à son service[4]. Après être devenu roi en 1461, Louis XI fit d’Imbert de Bathernay son chambellan. Le roi facilita le mariage d'Imbert de Bathernay avec Georgette de Montchenu, union célébrée à Charmes en avril 1463. Imbert de Bathernay conserva la faveur des successeurs de Louis XI : il fut un conseiller très influent des rois Charles VII, Louis XII et François Ier [5].

À la Renaissance, des travaux ont été entrepris pour transformer le petit château fort de Charmes en un agréable manoir Renaissance. Les vieilles ouvertures ont été murées, de larges fenêtres à meneaux ont été percées et des portes ont été créées au rez-de-chaussée. L'intérieur a été réaménagé et la répartition des niveaux de plancher a été modifiée.

Au milieu du XVIIe siècle, Jacques Coste, premier président du Dauphiné au parlement de Grenoble, devient propriétaire de Charmes et obtient en 1652 que cette terre soit érigée en comté. Sous son impulsion, l'intérieur du château est réaménagé[6], des cheminées de marbre de style classique sont notamment installées dans les pièces du premier étage et du deuxième étage. À la même époque, un décor en grisaille est peint dans le petit oratoire du deuxième étage. Il comporte les blasons accolés de Jacques Coste et de son épouse Marie-Françoise de Simiane. L'un et l'autre devaient être appréciés des habitants de Charmes car Jacques Coste et son épouse « ont eu près du tiers des enfants de Charmes pour filleuls[7] ».

Au XVIIIe siècle, des bassins sont creusés dans les jardins ; ils sont alimentés ainsi que le nymphée par tout un système de captation et d'acheminement des eaux provenant d'une source située à 1,6 kilomètre en amont en direction de Saint-Mury. Pendant la Révolution, aucune dégradation n'est commise au château[8].

Au XIXe siècle, certaines parties du monument sont refaites en néogothique : l'encadrement d'une porte extérieure au rez-de-chaussée de la façade ouest, la rampe d'appui de l'escalier en pierre sculptée ; les boiseries et volets intérieurs de certaines pièces... Entre le premier et le deuxième étage est créé un remarquable escalier néogothique en bois qui, par chance, n'a pas été vandalisé lors de la période d'abandon du château dans les années 2000.

Pendant la guerre de 1870, le propriétaire du château[9], Auguste de Beugny d'Hagerue (1833-1892), qui avait combattu au début du Second Empire en Crimée et en Italie[10], commande en tant que capitaine puis chef de bataillon dans la garde mobile, des troupes de la région dans des combats pour défendre Paris[11]. À la fin du XIXe siècle et jusqu'en 1943, de nombreux propriétaires se succèdent : Reverdy ; Gayet ; de Saint-Étienne ; Poncelet ; Allut ; de Blesson[12]. Le château retrouve une stabilité avec le baron Marc Demarçay (1893-1979) qui le possède de 1943 jusqu'à son décès.

Dans les années 1980, le château a connu quelques interventions peu heureuses, certaines peintures faux marbre, comme celles de l'escalier de pierre, ayant été couvertes de peinture unie, et le dallage de la cuisine ayant été refait avec du ciment. L'édifice a cependant été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1986[13]. À partir de l'an 2000, et pendant environ treize ans, le château, inhabité, a été squatté ; ses intérieurs ont été dégradés, ses murs tagués, ses éléments décoratifs volés, certaines de ses cheminées démontées, les tommettes de certains sols arrachées.

En 2017, Nicolas Chenivesse, âgé de vingt ans, est devenu propriétaire du château, avec un associé jusqu’en 2022, et il a entrepris la restauration de l'édifice, aidé par des bénévoles. Les toitures des tours et du donjon ont été réparées. La plus grande partie intérieure du château a été restaurée et meublée avec des objets anciens. Le nouveau propriétaire a pu racheter certains éléments authentiques, comme une porte richement sculptée provenant du grand salon ; on lui a aussi remis des éléments qui avaient été enlevés du château, comme le buste considéré comme celui de Pierre de Ronsard, provenant de la cheminée du grand salon[14]. Des boiseries et des portes volées ont été sculptées à l'identique ; des cheminées anciennes ont été réinstallées à l'emplacement de celles qui avaient été démontées. À l'extérieur, les bassins ont été remis en état et le parc a été aménagé : des allées sablées ont été tracées ; on a planté des buis et des rosiers anciens. Un bassin quadrilobé, orné de têtes de lions, moulé sur un modèle de la Renaissance italienne, a été installé dans le jardin sud[14].

Ce domaine privé est ouvert à la visite et des animations y sont régulièrement organisées

 

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Publié dans Patrimoine

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